Moisson 2021 / Le triptyque « prix, qualité, volume » ne fonctionne que très rarement et cela s’est malheureusement une fois de plus révélé vrai pour cette moisson 2021 dans nos départements du Jura, de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort.
Annoncée comme prometteuse il y a encore un peu plus d’un mois, la récolte d’été 2021 se soldera par une vraie déception, tant pour les rendements que pour la qualité des produits récoltés. Les déluges subis pendant toute la première quinzaine de juillet ont retardé et compliqué une moisson qui restera dans les annales par sa longueur et les difficultés pour récolter sur toute notre zone. Aucun secteur n’a été épargné, la moisson a commencé fin juin pour les premières bennes d’orge et à l’heure où nous écrivons plusieurs centaines d’hectares restent toujours à moissonner…
La moisson ou la mousson ?
En orge d’hiver, le rendement moyen est quelque peu décevant et se situe autour de 60 quintaux avec de fortes disparités entre les orges qui ont été collectées avant le 14 juillet et la suite. Côté calibrage, les escourgeons Faro et Etincel calibrent bien à 87 % avec une humidité de 14,4 % et un poids spécifique assez faible à 61,8 kg. Côté protéines, la moyenne est correcte à 10,89 %.
Preuve toutefois des conditions de récoltes déplorables, nos orges brassicoles présentent un taux moyen de grains germés de 1,36 %. Côté qualité sanitaire, aucun problème de DON mais la couleur grisâtre des dernières orges collectées pose question et des analyses sont en cours chez nos malteurs. Pour l’orge mouture, les poids spécifiques sont faibles avec en moyenne 60 kg.
En orge de printemps, les rendements sont assez hétérogènes et présentent, pour les meilleurs, une fourchette de 40 à 70 quintaux par hectare. Le calibrage est satisfaisant à 85 % avec un taux de protéine à 10,88 %. Cependant les poids spécifiques sont extrêmement faibles à 58 kg. Pour les orges comme pour le reste des produits, un gros travail du grain devra avoir lieu afin d’homogénéiser et assembler les différents lots pour nos acheteurs.
Rendement et qualité en berne
Côté blé, la déception est immense tant le nombre d’épis au m2 était important avant la moisson. Le gel et la pluie ont eu raison des rendements et de la qualité. Notre rendement moyen peine à dépasser les 65 quintaux par hectare… Une vraie claque tant le potentiel était là. Pour la qualité, le poids spécifique moyen se situe à 73,6 kg et les temps de chute de Hagberg autour des 200 secondes, ce qui va compliquer la mise en marché de nos blés, notamment à destination de la meunerie. Pour achever le tableau, près de 17 % de nos blés présentent des taux de mycotoxine supérieurs aux normes imposées.
En colza, le rendement moyen peine à dépasser les 28 quintaux par hectare et se situe bien en deçà de notre moyenne décennale à plus de 30 quintaux. Les conditions climatiques ont aussi fait germer sur pieds nos colzas qui présentent un taux moyen de 5 % de grains germés. La teneur en huile est très faible autour des 42 % (soit 2,5 points de moins que l’année passée). Pire, la présence de grains germés peut générer à terme de l’acidité dans les huiles, les rendant impropres à la trituration.
Seule note positive pour cette moisson, les prix de marché de nos produits semblent tenir à court terme devant le manque de stocks, les difficultés de collecte partout dans le monde (Europe de l’ouest, de l’est, sécheresse au Canada et USA) et les besoins immédiats des acheteurs…
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