Taupin / Quelles sont les techniques alternatives de lutte contre le taupin en maïs ? Arvalis a essayé plusieurs méthodes et a commencé à les évaluer. Notamment la combinaison d’appâts et de microorganismes entomo-pathogènes.
Les stratégies alternatives pour lutter contre le taupin dans le maïs sont également explorées par Arvalis. Il y a 2 ans, l’institut avait déjà tenté une approche de « nourrissage », consistant à apporter un appât facilement disponible pour le ravageur, en espérant que la semence de maïs serait ainsi protégée. Cette année, les essais ont été renouvelés, en utilisant plusieurs techniques :
• Utilisation d’appâts sains (blé, maïs, orge), ou malades (blé fusarié), à
différentes doses, en surface ou enfouies sur la ligne de semis
• Utilisation de champignons entomo-pathogènes : Metarhizium sp. (homologué sous le nom commercial Met 52 en traitement du sol sur fraisiers, cultures ornementales, pépinières) et Beauvaria sp. (homologué au Canada sous le nom commercial Bioceres WP)
• Utilisation d’extrait de Brassica carinata (moutarde d’Abyssinie) contenant du glucosinolate : le Biofence, en granulé ou en farine, ayant des propriétés insectifuges et insecticides.
Ces trois techniques ont été évaluées seules, ou en combinaison : on parle dans ce dernier cas de stratégies « attract and kill », pour « attirer et tuer ».
Résultats mitigés
Cette année, les résultats sont mitigés : les essais de Rouffach (68) n’ont pas été vraiment concluants. Sur un semis au 17 avril, les mesures effectuées au stade 5 feuilles le 15 mai ont révélé environ 14 % de plantes attaquées sur la parcelle témoin, ce qui reste une incidence faible. Dans ces conditions, aucun des moyens de contrôle du taupin mis en place n’a permis de montrer d’effet significatif. Le Met 52 semble être le plus prometteur (125 kg/ha au sol), et dans une moindre mesure le blé comme appât seul (125 kg/ha au sol) ou avec le Met 52.
Dans d’autres essais utilisant également des appâts, des résultats plus intéressants ont été observés. Pas lorsque les appâts sont appliqués 10 jours avant le semis, puisque l’efficacité mesurée est alors de 40 % seulement, contre 66 % pour la référence microgranulés. Par contre, appliqués avant le semis mais le jour du semis, les appâts présentent une meilleure efficacité, souvent comparable à celle de la référence, notamment le blé fusarié (120 kg/ha) et le blé traité Langis (cypermethrine) qui ont montré de très bons résultats. La destruction du blé dans le maïs après levée pose en revanche un problème supplémentaire.
La piste « crucifères »
De son côté le Biofence donne des résultats encore balancés. Sur les essais 2018 de Rouffach, ni le positionnement en surface (3t/ha, soit un apport additionnel de 180 U d’azote !) ni le positionnement dans la raie de semis (formulation) n’ont permis de mettre en évidence un effet significatif. En
revanche, sur des essais bretons réalisés entre 2014 et 2018, le Biofence à 3t/ha a permis de faire passer le pourcentage de plantes attaquées de 30 à 12 %, avec une vraie différence significative.
« Les premiers résultats sur l’abaissement des doses de Biofence sont intéressants, à poursuivre », estiment les techniciens d’Arvalis. Cette remarque rappelle une pratique de lutte biologique, parfois utilisée chez les cultivateurs de pommes de terre bio, qui consiste à semer des crucifères carrément sur les buttes. On pourrait de même imaginer, avant un maïs, semer une moutarde d’Éthiopie par exemple, et la broyer afin que sa
décomposition dégage le fameux glucosinolate aux vertus insecticides. Problème : les crucifères ne sont pas réputés être de bons précédents pour le maïs. A éviter donc si on peut, mais en cas d’impasse, à réfléchir.
LD