Grande distribution / Mercredi 26 avril les responsables agricoles de Haute-Saône ont rencontré le directeur de l’Hyper Casino de Luxeuil-les-Bains.
Rappel des faits. En août dernier, plusieurs actions syndicales avaient ciblé les transformateurs Bigard, Lactalis,… Les syndicats demandaient le déréférencement des produits de ces marques des rayons des magasins de Haute-Saône.
« Tout le monde avait joué le jeu, sauf vous (Casino) » détaille Arnaud Grandidier au directeur Sébastien Henriet. Au départ la cible était les transformateurs, mais les consignes n’étant pas respectées, « on a dû vous corriger » explique Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA.
Une première correction avec le déréférencement forcé des rayons des produits par les éleveurs et redistribués aux consommateurs dans la foulée. Et une seconde correction qui s’était traduite par du fumier déversé devant les entrées du magasin et du lait sur le parking. Suite à cela, une plainte avait été déposée par l’ancien directeur… mais depuis un nouveau directeur a été nommé. Et il tenait a rencontré les responsables syndicaux pour échanger et dialoguer.
Le président de la FDSEA lui a rappelé quelques faits. « Depuis quelques jours, je consulte mes archives comptables et elles sont assez parlantes… Ramené en euros, à la fin des années 1980, les agriculteurs vendaient 170 € la tonne de blé. Aujourd’hui, on va le commercialiser 140€. Perpétuellement, on vend de moins en moins cher nos produits… et au bout il n’y a rien qui se passe… on le dénoncera toujours ».
Mickaël Muhlematter, président de la FDPL renchérit avec l’interprofession laitière qui en 2010 a été « flinguée » par le président de la République de l’époque sous la pression de la grande distribution.
L’argument des GMS de l’époque était de dire que les producteurs s’acoquinaient avec les transformateurs pour des augmentations de prix. Ainsi, il était difficile de faire baisser les prix en rayons. « A l’heure actuelle l’écart de prix entre deux producteurs qui commercialisent leur lait dans deux entités différentes (Lactalis pour l’un et une coopérative locales pour l’autre) peut-être de 30 € soit une perte annuelle pour le premier d’un chiffre d’affaires de 15 000 € » argumente Emmanuel Aebischer. « Aujourd’hui la loi Sapin 2 est passée par là. Et, elle n’est toujours pas appliquée… » ajoute-t-il.
Gérald Pichot, président des JA explique qu’il va sûrement avoir une « petite visite » des jeunes agriculteurs luxoviens pour vérifier si le décret sur l’origine des produits alimentaires transformés est respecté.
Pour rappel, ce dispositif permet depuis le 1er janvier 2017 aux citoyens de bénéficier d’une meilleure information, aux producteurs de lait et de viande de voir la qualité de leurs produits pleinement reconnue et aux entreprises de transformation de valoriser la composition des produits transformés. Ce décret “rend obligatoire l’indication de l’origine du lait ainsi que du lait et des viandes utilisés en tant qu’ingrédients dans les denrées alimentaires préemballées”.
Le décor étant posé, le directeur du magasin venant tout droit de Belgique a exposé les motifs de cette demande de rencontre. « Je suis d’accord avec vos idées. Il n’y a pas d’avenir sans vous. Je connais votre situation et vos difficultés. Je voulais que l’on se parle. Je vais bientôt passer en mode indépendant. Je ne serai plus salarié du groupe Casino mais le directeur du magasin. Ainsi, je veux vendre vos produits. Je préfère vendre votre viande, vos fromages… » Emmanuel Aebischer a évoqué l’abattoir de Luxeuil les Bains que le directeur du magasin ne connaît pas ou encore l’IGP Gruyère et le dossier cancoillotte. Les syndicalistes ont saisi la main tendue par le directeur du magasin… à voir dans le temps comment les choses vont s’engager et s’articuler ! Nous ne manquerons de vous tenir informé des avancées sur ce dossier.
AL