Effluents d’élevage / La journée « épandage et prairie » organisée par la Chambre d’agriculture et la FDCUMA du Doubs a réuni plusieurs centaines de participants, qui ont pu approfondir le thème de la valorisation des effluents dans le respect d’un milieu naturel sensible.
C’est chez Clément et Daniel Cucherousset, associés du Gaec des Petites Montagnes à Pierrefontaine-les-Varans qu’avait lieu le 29 septembre dernier la journée annuelle « épandage et prairie » coorganisée par la Chambre d’agriculture et la FDCUMA du Doubs, avec le soutien logistique de la Cuma du Bémont et du GEDA 2000. Constructeurs et concessionnaires ont présenté à cette occasion les dernières innovations en matière de traitement et d’épandage du lisier et du fumier. De nombreux agriculteurs, élèves des écoles d’agriculture de Franche-Comté et partenaires du monde agricole ont assisté aux démonstrations de matériels destinés à optimiser les épandages des effluents d’élevage et la conduite des prairies. « Une ferme qui élève 50 vaches laitières produit des effluents d’élevage sous forme de fumier ou de lisier dont les éléments minéraux alimentent les cultures et les prairies. Une valorisation réussie de ce gisement local d’éléments fertilisants correspond à une économie sur les achats d’engrais, moins de transport routier et moins de rejets dans le milieu. Bien valorisés, ces effluents représentent une économie de 5 000 € par an ! Pourquoi s’en priver ? », introduit Didier Tourenne, du service Agronomie – qualité de l’eau à la Chambre interdépartementale d’agriculture.
Des facteurs de variation
Pour bien valoriser les engrais organiques issus des déjections des animaux (fumier, compost, lisier, purin), il est avant tout nécessaire de bien connaître leurs teneurs en éléments minéraux (azote, phosphore, potasse, chaux, magnésie…). « La variabilité est extrêmement importante d’une exploitation à l’autre et seule l’analyse permet de connaître précisément la valeur de ses engrais organiques », poursuit le conseiller. Second facteur à prendre en compte, la disponibilité des éléments minéraux, variable selon les minéraux… et les pratiques ! « Pour l’azote par exemple, cette disponibilité peut varier fortement, dans une plage de 20 à 65 %, selon le type de produit épandu et la période d’épandage. Ainsi pour un épandage à hauteur de 15 t/ha de fumier en automne sur prairie, l’azote total apporté est de 15 x 5,5 kg, soit 83 kg N/ha. Seulement 35 % de cet azote est réellement disponible pour la prairie, c’est-à-dire 29 kg N/ha, soit l’équivalent de 87 kg/ha d’ammonitrate. »
Ces importants facteurs de variations imposent d’être précis, pour apporter la bonne dose de fertilisant au bon moment, tant dans un souci d’efficacité agronomique que pour préserver la qualité des eaux. « Le monde agricole s’est engagé depuis plusieurs années dans la reconquête de la qualité de l’eau. Des investissements sont réalisés dans la mise aux normes des bâtiments d’élevage, dans la réalisation de plans d’épandage, dans la formation et le raisonnement agronomique des interventions », poursuit le technicien.
Régulation électronique
L’utilisation de matériels récents va dans ce sens. Les modèles d’épandeurs à fumier présentés à l’occasion de la journée (Miro, Pichon, Joskin, Sodimac) disposent ainsi de systèmes de régulation électronique DPA isobus. « Le chauffeur valide la charge embarquée qui est évaluée par le module de pesée, renseigne le volume chargé, ainsi que la largeur de travail et la dose par hectare souhaitée (en m3/ha ou en t/ha). Le DPA prend ensuite le relais, en régulant automatiquement la vitesse du tapis, que la caisse soit presque vide, ou qu’elle soit bien remplie et que l’épandeur se trouve dans une pente, de manière à avoir un épandage homogène sur toute la parcelle », expose le démonstrateur de la société Joskin, avant de mettre en avant l’intérêt d’une caisse en acier HLE – plus solide, qui permet donc d’alléger l’épandeur. Daniel, le représentant du constructeur franc-comtois Miro a pour sa part insisté sur la délicate mise au point du Maxter, pourvu de vis « qui démêlent le fumier, tandis que les pales l’éjectent : cela permet de faire varier les quantités épandues de 3 à 20 tonnes par hectare, selon les besoins ! ». Il n’a pas hésité à proposer aux participants des démonstrations à domicile, avec leur propre fumier. Quant à M. Gerbel, commercial de Sodimac, il a présenté la gamme RAFAL, s’appuyant sur le modèle 3150 d’une capacité de 11 m3. « Les cinq spires de chaque hérisson assurent la finesse d’éclatement du fumier, et grâce au DPA, qui régule la vitesse du tapis en fonction de la vitesse d’avancement de l’épandeur et de la hauteur de fumier dans la caisse, on a une répartition longitudinale très régulière. »
Alexandre Coronel