Assemblée générale de la Fédération nationale porcine / Pour redresser les prix à la production, le ministre de l’Agriculture a demandé aux abatteurs et aux grandes surfaces de s’engager à faire un effort sur leur prix d’achat et a publié un arrêté destiné à encadrer les promotions.
“J’ai pris un arrêté qui encadre les promotions” de viande porcine, a annoncé le ministre de l’Agriculture à l’Assemblée générale de la Fédération nationale porcine, le 12 juin à Ploermel dans le Morbihan. Comme les producteurs de porcs, il considère que celles-ci sont réalisées « tout le temps et n’importe comment ». Si bien que le consommateur a perdu toute référence : 70 % des ventes de viandes fraîches étant réalisées en promotion actuellement. Désormais, celles-ci ne pourront être supérieures à 50 % des prix du mois précédent. Devant l’impossibilité pour l’interprofession, Inaporc, de signer un accord interprofessionnel en ce sens à cause des règles de la concurrence, les pouvoirs publics ont donc fait le nécessaire. Le ministre est également déterminé à voir les prix à la production remonter et atteindre 1,40 €/kg, « le plus rapidement possible », au Marché du porc breton. Après avoir lancé un appel à tous les acheteurs « à prendre leurs responsabilités » et à suivre l’exemple d’Intermarché et de Leclerc qui se sont engagés à faire un effort. C’est que la question du prix était au centre de toutes les préoccupations des éleveurs réunis à l’Assemblée générale. Et d’ailleurs depuis quelques semaines, ils ont mené de nombreuses actions syndicales en ce sens. Ils considèrent qu’il leur manque 15 centimes par kilo pour couvrir les coûts de production. D’ailleurs, le secrétaire général, Gilles Précastaing, a appelé les éleveurs à poursuivre la mobilisation avec un seul objectif « le prix du cochon ». Le président, Paul Auffray, a pour sa part déclaré « que les éleveurs étaient au bout du rouleau » et que pour ce qui le concerne, il n’a jamais connu au cours de sa carrière professionnelle, une situation de crise aussi profonde. Le seul embargo russe ayant fait perdre 700 millions d’euros aux éleveurs depuis sa mise en place en janvier 2014.
Un fonds structurel
Le ministre a également annoncé une nouvelle enveloppe de 5 millions d’euros pour « effacer » les cotisations MSA. Elle s’ajoute aux 4 millions déjà débloqués par la MSA et aux 5 millions du Fonds d’allégement des charges. D’ailleurs sur ce sujet, Stéphane Le Foll s’est engagé à réunir prochainement les banques pour qu’elles « regardent autrement » la situation des éleveurs et consentent à leur faire des facilités de trésorerie ou des reports d’annuités de remboursement des prêts. Le ministre a également promis qu’il poursuivrait dans la voie de la simplification des règles et, s’agissant de l’identification d’origine du porc français, il soutient toutes les initiatives qui vont dans ce sens. « Il faut que tous les maillons de la filière se mettent en ordre de marche pour reconquérir le marché français » a-t-il insisté. Y compris la restauration collective et les industriels de la charcuterie, très réservés sur cette démarche. Pour ce qui est du long terme, le ministre a demandé à la filière « de construire un pacte porcin à 5-10 ans » pour la filière. « Nous devons aboutir à l’automne à un cadre général pour définir une stratégie de la filière porcine » a-t-il indiqué en conclusion. D’ailleurs sur ce sujet, la FNP s’est prononcé sur la mise en place d’un fonds structurel, avec un double objectif, régler en urgence la situation de trésorerie des éleveurs et procéder à la rénovation et à la restructuration des élevages. Faute de prix rémunérateurs et de trésorerie suffisante, les éleveurs n’ont pas procédé aux investissements de modernisation nécessaires, ce qui creuse le différentiel de compétitivité avec nos concurrents allemands et espagnols et aggrave le déclin de la filière.