retourneur andain
retourneur andain
Fenaison / Conçu dans les années 90, le retourneur d’andain permet de préserver la qualité des fourrages, en particulier des légumineuses qui subissent moins de pertes de feuilles. Certains producteurs l’ont adopté dans une démarche globale de réflexion sur la qualité des fourrages. C’est le cas de Nathanaël Bourdier, installé à Lavans-Vuillefans dans le Doubs.

Le retourneur pâtit de préjugés parfois infondés, en particulier sur le débit de chantier de l’outil. Un a priori que rejette Nathanaël Bourdier, installé avec ses frères et sœurs en polyculture élevage dans une exploitation bio près de Valdahon. « Je ne mets en tout cas pas plus de temps à faire mes foins, pour une qualité largement améliorée », affirme-t-il. De fait, cet outil permet d’après le Gnis (groupement national interprofessionnel des semences et plants) d’économiser le passage d’une faneuse et d’un andaineur, « tout en améliorant le rendement et la qualité des fourrages ». Les essais régionaux menés par la chambre d’agriculture et la fédération des Cuma des Deux-Sèvres parlent d’eux même : une perte de feuilles réduite de 35 %, un rendement accru de 11 % en unités fourragères et de 30 % en protéines, pas de débris, un pressage régulier.

Garder la protéine du fourrage

Le principe de l’outil est simple : la fauche est d’abord réalisée avec une conditionneuse à rouleaux. Il est aujourd’hui admis que la conditionneuse à rouleaux, en contribuant à former un andain plus aéré, permet un séchage de meilleure qualité. Une fois en andains, le fourrage ne sera alors plus manipulé que par le retourneur. « L’andain de fauche est également l’andain de récolte », précise Nathanaël Bourdier.
Toutes les manœuvres doivent donc être gérées avec la plus grande précision, l’objectif étant de manipuler le moins possible le fourrage, de « le respecter » au maximum. Résultat : plus de « tapis de feuilles » sous l’andain, comme on en voit parfois après pressage dans une parcelle fauchée à la faucheuse classique et retourné à la pirouette. La protéine étant concentré dans les feuilles des légumineuses, on arrive à des taux très intéressants : « Aujourd’hui, sortir du 15-16 % de protéine, c’est considéré comme un résultat satisfaisant. Nous arrivons à 24 %. »

Le sol moins abîmé

Techniquement, les andins sont soulevés en douceur par les rangées de dents du pickup, acheminés par le tapis convoyeur sur le disque rotatif à doigts rétractables avant d’être redéposés sur le sol (qui, mis à nu, a eu le temps de sécher). L’andain est donc retourné : l’autre face de l’andain peut alors sécher. « On remet du sec sur du sec ». Un des avantages de la technique est également de présenter moins d’agressivité pour le sol. Les multiples passages de pirouette étant économisés, les dents ne retournent plus la terre, contribuant à fragiliser le système racinaire et à contaminer le fourrage. Le fourrage est « plus noble », et sa qualité est le reflet de ce qu’il était en vert. Quant à la puissance consommée, le retourneur Dion est entraîné par les roues, sans prise de force, sans hydraulique et demande peu de puissance (1 500 tours max). Le mécanisme s’embraye automatiquement lorsque le ramasseur est abaissé. La vitesse d’opération peut varier d’après le constructeur de 12 à 18 km/h, soit 2 à 3 ha/h.

Une réflexion globale sur la gestion des fourrages

« Pour autant, le retourneur d’andain n’est pas un outil magique. Son utilisation s’inscrit dans une démarche globale de gestion des pâtures » s’empresse d’ajouter Nathanaël. Le bénéfice que procure le retourneur d’andain peut en effet être totalement perdu si la démarche entière n’est pas réfléchie. C’est ainsi que l’exploitation s’est dotée du séchage solaire en grange, qui permet de se donner de la flexibilité dans les époques de travail. Avant de penser gratter un peu de matière protéique dans son fourrage, il faut veiller aux fondamentaux : ne pas faucher après épiaison (le fourrage aura perdu la moitié de sa valeur), ne pas faucher trop bas… L’idéal est de viser une hauteur optimale de 7 cm, ce qui dans la pratique n’est pas toujours le cas. Les différences de verdissement entre les parcelles fauchées à cette hauteur et celles de ses voisins fauchées à ras de terre confortent l’agriculteur dans sa démarche. Aller chercher les derniers centimètres de fourrage n’apporte rien en valeur alimentaire et ralentit la repousse. Bref, il faut accepter de « se remettre en question », explique encore Nathanaël qui se rappelle ses premiers essais avec le retourneur. Pourquoi faucher à telle hauteur ? Pourquoi à telle vitesse ? Pourquoi à telle date ? Pourquoi faire jusqu’à 3 passages de pirouette en un jour ? Quel travail du sol ? Quelle fertilisation ? L’outil n’est qu’un moyen dont l’éleveur se dote pour piloter plus finement l’alimentation de son troupeau. « Au début, à l’idée d’attendre 24 h avant de toucher au fourrage, les anciens faisaient des bonds ! » « On a toujours fait comme ça » ne doit plus être le leitmotiv, en agriculture comme ailleurs.

LD

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