Zone vulnérable / La mobilisation syndicale a permis de faire valoir auprès de l’administration de solides arguments techniques pour contester le classement en zone vulnérable des communes de la masse d’eau de La Colombine.

Pour une cinquantaine d’exploitations agricoles du département, qui utilisent des terres situées sur les 19 communes concernées par la masse d’eau de La Colombine, l’heure est au soulagement : ces communes n’ont finalement pas été retenues au classement en zone vulnérable qui avait été proposé par l’administration à l’automne dernier. « C’est une petite victoire, analyse Emmanuel Aebischer, le président de la FDSEA. Avec la Chambre d’agriculture nous avons engagé un travail de fond, un véritable travail d’expertise, qui nous a permis de faire réviser le projet initial de classement. Nous ne contestons pas le principe du classement en zone vulnérable, ni l’importance de veiller à préserver la qualité de la ressource en eau. Mais dans le cas particulier de ce secteur, des 19 communes appartenant à la masse d’eau de La Colombine, nous avons mis en avant plusieurs éléments. » En premier lieu le caractère peu représentatif des mesures des taux de nitrates qui ont conduit à cette proposition de classement en zone vulnérable. « Avec un faible nombre d’analyses – il n’y a pas la série complète – qui plus est avec un résultat obtenu dans une période exceptionnelle sur le plan météorologique, nous avons estimé que la moyenne des résultats n’était pas représentative de la qualité de l’eau de ce bassin. »

Un secteur d’élevage extensif
Second argument de poids, présenté notamment à la préfète à le 27 mai dernier à l’occasion de la visite de l’exploitation de Rachel et Ludovic Cotin, celui du contexte agricole local. « Dans cette zone protégée (la vallée de la Colombine est classée Natura 2000), la part de la SAU occupée par des prairies permanentes est très élevée, et progresse de 2 % chaque année depuis 2016 : elle atteignait 62 % en 2019 ! Cela correspond à des pratiques d’élevage extensives, qui vont dans le sens de la protection de l’environnement, et en particulier de l’eau (couverture permanente des sols, faible chargement animal à l’hectare, niveaux de fertilisation très modestes…) ».
Enfin, et c’est peut-être un argument qui a porté, plusieurs élevages de cette zone sont producteurs de lait à gruyère. « C’est une filière en pleine dynamique, avec une demande qui augmente de la part des consommateurs, et qui apporte de la valeur ajoutée aux producteurs, ainsi qu’à toute l’économie départementale. Faire peser sur ces élevages des investissements improductifs, c’est-à-dire des ouvrages de stockage d’effluents injustifiés, serait de nature à obtenir l’effet inverse. En fragilisant l’élevage, on a le risque d’avoir une céréalisation importante du secteur. » Invités à participer à la consultation publique lancée par la DREAL, les agriculteurs concernés ont aussi pu exprimer et motiver leur désaccord à la classification de leur commune auprès du préfet coordonnateur de bassin. « Au final, cette décision va dans le bon sens, et elle nous incite à nous adjoindre les services d’un cabinet d’étude indépendant, de manière à être en capacité, pour la prochaine révision du zonage dans quatre ans, de produire nos propres résultats d’analyse du suivi de la qualité des eaux. », conclut Emmanuel Aebischer.

AC

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