Jeunes agriculteurs / Dans un contexte d’incompréhension et de fracture culturelle entre agriculture et société, JA70 engage une campagne de communication positive pour mettre en avant la diversité et les atouts de l’agriculture locale, à travers cinq portraits de jeunes agriculteurs du département.
Le 20 mai dernier à Villers-le-Sec, le Jeunes agriculteurs de Haute-Saône ont organisé une conférence de presse pour présenter leur nouvelle campagne de communication, dont on peut déjà voir les affiches en 4 m. par 3 dans les principales villes du département. « Faute d’évènements “grand public” où nous pouvons rencontrer directement les consommateurs, à cause du contexte sanitaire, résume la présidente Justine Grangeot, nous avons décidé de refaire une campagne en affiches et vidéos… » Plusieurs partenaires historiques du syndicat ont d’ailleurs soutenu l’initiative, autour du slogan fédérateur « le savoir-faire des jeunes agriculteurs haut-saônois, un atout pour notre territoire » : l’Adasea, la Chambre d’agriculture, le Conseil départemental, le Crédit agricole, Groupama, les coopératives Interval, Terre comtoise et Terre d’horizon, ainsi que le syndicat du gruyère.
Technicité et professionnalisme
L’objectif ? Il est en relation avec les fondements du syndicalisme agricole jeune : défendre l’installation, les intérêts des jeunes agriculteurs, communiquer sur le métier d’agriculteur et animer le milieu rural… « Il y a beaucoup d’idées reçues négatives véhiculées par les médias au sujet de l’agriculture : pollution, maltraitance animale, dégradation de la qualité de nos produits… rebondit Jérémy Chausse, installé en 2015 à Vantoux. Il faut proposer une réponse intelligente à ces attaques, avoir un discours de vérité, c’est-à-dire expliquer simplement ce qu’on fait, au quotidien, et pourquoi on le fait. » Ce dernier, membre des JA70, s’est volontiers prêté à l’exercice de la séance photo : sur l’affiche, il pose avec une tablette et le message « j’assure la traçabilité, de mes champs à ma coopérative. ». Un message simple et efficace, qui met en avant la technicité des agriculteurs en matière de suivi des cultures, de maîtrise des intrants. « Toutes nos interventions dans les champs sont notifiées à la coopérative – Interval – à laquelle nous livrons nos céréales. Il y a une vraie transparence, sur les produits que nous utilisons, les conditions de traitement, les doses… c’est très professionnel. »
Un métier, une fierté
Pour Océane Barret, 19 ans, salariée à temps partiel sur l’exploitation agricole familiale à Larret, où elle élève des charolaises, la loyauté envers les consommateurs est une notion à mettre en avant, pour recréer un lien de confiance. « Nous valorisons nos productions en circuit court, on sait ce que mangent nos bêtes, qui sont nées et élevées dans l’exploitation, et on peut le montrer », explique cette jeune militante, par ailleurs youtubeuse et très active sur les réseaux sociaux (sa chaîne youtube a 40 000 abonnés). « J’ai immédiatement accepté la proposition pour participer à cette campagne de communication départementale, c’est une fierté pour moi de témoigner, de mettre en avant le métier d’agriculteur et nos productions, et également que c’est un métier qui est accessible aux femmes. » Notons d’ailleurs que les femmes sont à l’honneur dans cette campagne, avec deux des cinq affiches… « L’objectif était de mettre en avant à la fois la diversité des profils des jeunes agriculteurs du département, et la diversité des productions », résume Sophie Cuisance, l’animatrice du syndicat.
Transformation et valeur ajoutée
Biodiversité à l’honneur également, à travers le portrait de Francis Cachot, éleveur au sein du Gaec familial à Vallerois-les-Raze : posant à côté d’une des vaches vosgiennes de l’exploitation, il fait le lien entre diversification des productions, autonomie alimentaire et biodiversité. « Nous sommes passés au semis direct il y a presque une dizaine d’années, détaille-t-il, en agriculture de conservation des sols, pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires, limiter également l’utilisation de carburant et le temps de travail, en cessant de labourer. »
Mathilde Lombard, éleveuse à Amance, met en avant pour sa part la fierté de faire partie de la filière gruyère français, et pose d’ailleurs avec un beau huitième de meule bien appétissant. Un fromage de qualité, produit en Haute-Saône avec du lait haut-saônois. « C’est un très bon fromage, qui mérite d’être plus connu, et dont la production va se développer. » Et, peut-on ajouter, il permet de mieux valoriser le savoir-faire des agriculteurs, ainsi que leur terroir. Toujours dans le domaine de la transformation, mais cette fois à la ferme, Romain Bresson illustre, charlotte sur la tête, ces diversifications de plus en plus fréquentes, qui permettent de capter davantage de valeur ajoutée et de conforter l’installation. Installé en 2011 sur la ferme familiale, après un Bac Pro et un Certificat de spécialisation laitière, il fabrique des glaces artisanales à partir du lait de l’exploitation, pour une valorisation en circuit court. « Nous sommes associés au magasin “esprit paysan”, nous livrons aussi des restaurateurs et avons un point de vente à la ferme… où nous vendons aussi de la viande de porc sous forme de caissette. La vente directe permet de rencontrer les consommateurs, de donner des explications sur notre métier… mais ça prend aussi beaucoup de temps ! »
Alexandre Coronel