Moissons 2020 / Parmi les cultures d’hiver de cette campagne, ce sont les orges qui ont le plus pâti des aléas climatiques : mise en place du peuplement sous la pluie, montaison dans le sec et parfois gels tardifs… Du côté des blés, la maîtrise des attaques de pucerons à l’automne a été bien valorisée.

Les moissons, hors cas particuliers (méteil par exemple) sont terminées et il est possible de dresser un premier bilan de de la campagne céréalière. Emeric Courbet, technicien Grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Saâne, s’appuie pour ce faire sur les résultats d’une enquête conduite auprès de 40 exploitations haut-saônoises. « En blé, l’année semblait mal partie avec des semis plutôt tardifs et une forte pluviométrie hivernale empêchant un bon enracinement. Puis une sécheresse de 50 jours a sévi en mars et avril laissant des parcelles avec des peuplements épis au plus bas. Heureusement, une pluviométrie régulière en mai et un mois de juin frais ont permis de rattraper, dans les sols profonds, le potentiel entamé durant la sécheresse. Finalement, les rendements sont corrects avec une moyenne de 75,5 qx/ha. Deux exploitations du réseau battent tous les records, avec plus de 90 qx/ha de moyenne d’exploitation. En revanche, sur les parcelles à faible réserve hydrique (cailloux ou sables) et les parcelles mal ou non protégées contre les pucerons, les rendements sont faibles, aux alentours des 45 – 50 qx/ha, ce qui ne permet pas de couvrir les charges. Enfin, le rendement paille est moyen, du niveau de 2018. » En termes de stratégies de protection, les résultats des essais fongicides conduits par les chambres d’agriculture de Haute-Saône et du Jura mettent en évidence une nuisibilité maladie faible à nulle sur blé, de l’ordre de de 0 à
7 qx/ha en fonction de la sensibilité variétale aux maladies foliaires.

Apport d’azote compliqué par la météo
« La difficulté d’apporter l’azote en février et début mars a également impacté les rendements. Nos essais locaux montrent que si au moins 70 unités étaient positionnées avant le 6 mars, il n’y a pas eu de perte de potentiel et que si la dose X calculée était la bonne, il ne fallait pas faire l’impasse des 30-40 unités fin avril. » Autre enseignement de la campagne, les viroses véhiculées par les attaques non maitrisées de pucerons à l’automne ont aussi dégradé le potentiel. « Un traitement insecticide à 5 €/ha était largement valorisé. Autrement on peut aussi réaliser des semis plus tardifs. » Globalement, le blé d’hiver reste une valeur sûre en termes de rentabilité économique.
Du côté des orges d’hiver « la moyenne est médiocre. Après des conditions d’implantation défavorable (humides) à l’automne, beaucoup d’orges ont subi comme les blés, la sécheresse et la jaunisse nanisante (virose due aux pucerons). Mais en plus, les orges ont subi les températures froides du 14 au 25 avril au stade critique de la méïose. Aussi certaines moyennes d’exploitation atteignent à peine 35 qx/ha. Autour de la moyenne à 58,1 qx/ha, les résultats sont particulièrement variables, du 45 à 102 qx/ha, en fonction de la réserve en eau des sols. Sur un plan qualitatif, les poids spécifiques (PS) sont très corrects entre 80 et 83, tout comme les calibrages, et les teneurs en protéines plutôt contenues dans la fourchette basse du cahier des charges des malteurs – brasseurs (9,5 à 12 points) ». « Pour être rentable, même en comprimant les charges, il faut un rendement minimum de 50 qx/ha. », précise le technicien. En orge de printemps, les chiffres ne sont pas encore établis, compte-tenu du fait que certaines parcelles semées en mars et levées en mai, n’ont pas encore été récoltées. « Mais les rendements sont corrects. Dans les zones où il a gelé fin avril, les orges de printemps semées à l’automne font plus de rendement qu’une orge d’hiver. »

Des variétés qui font leurs preuves
Restent les colzas, dont les rendements cette année sont moyens. « Cela fait trois ans que la moyenne est plutôt stable aux alentours de 30 qx/ha, ce qui correspond grosso modo au seuil de rentabilité économique de cette culture. Dans certains secteurs, la période de gel entre le 23 mars et le 5 avril a fait du mal aux colzas, déjà hauts. Les températures ressenties ont pu descendre au-dessous de – 6 °C. Dans ces situations les rendements vont de 15 à 20 qx/ha, car la sécheresse de cette période n’a pas permis de compensation. » Le choix variétal s’avère aussi un paramètre déterminant pour la réussite de cette culture. « Certaines variétés tirent bien leur épingle du jeu dans nos conditions pédoclimatiques, on peut les trouver dans les classements établis par Terre inovia. », conclut Emeric Courbet. n

AC

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