Agronomie / Une journée entière consacrée à l’agronomie : pour la seconde année, la chambre d’agriculture et le Lycée Vesoul Agrocampus ont proposé aux agriculteurs et aux étudiants une visite des essais en place à la ferme du Lycée. Les pistes explorées sont nombreuses, et les intervenants ont su valoriser leurs avantages sans cacher leurs inconvénients.

La ferme du lycée agricole (Vesoul Agrocampus à Port sur Saône) concrétise trois objectifs : « Former des jeunes et des adultes », « produire des biens et des services », et « innover, expérimenter ». C’est ainsi que Grégory Choux, son directeur, résume les missions qui lui sont confiées en ce début de journée, le 6 juin lors de la journée « Agronomie ». Une soixantaine de personnes y ont participé.
Si l’agriculture est variée, c’est d’abord parce que les problèmes sont nombreux et les solutions encore plus. « Ce qui est vrai chez nous ne sera pas forcément généralisable ni en Bourgogne, ni ailleurs en France », explique ainsi Stéphane Cordeau, ingénieur de recherche à l’Inra de Dijon venu présenter la plate-forme Ca-Sys (voir par ailleurs).

Travail simplifié et activité biologique des sols
Les pistes explorées à la ferme du Lycée agricole sont donc nombreuses. En matinée, 4 ateliers théoriques étaient présentés pour faire découvrir les
expérimentions en place, et les leviers disponibles pour « produire autrement » dans le cadre de l’agro-écologie.
Un des pôles importants développés est la plate-forme « fertilité des sols ». Sur cet essai, 5 modalités de travail du sol sont comparées : labour, TCS* sans couvert, TCS avec couvert, strip-till et semis direct. Les différents niveaux de fertilité sont alors mesurés : fertilité physique, chimique, organo-minérale, biologique. Les résultats sont parfois étonnants, mais permettent toujours de s’interroger sur les mécanismes complexes en place dans les sols.
Ainsi, comme le relève Stéphanie Weissenbacher, enseignante à Vesoul Agrocampus, « on n’observe pas de
différence significative en taux de matière organique (MO) entre les différentes modalités ». Pire, on observerait une légère tendance à la baisse du taux de MO en travail superficiel (-0,15 %, la précision de la mesure étant de 0,1%). « On peut expliquer cette mesure par une augmentation, en travail superficiel, de l’activité biologique du sol et donc de la minéralisation », propose encore Stéphanie Weissenbacher. Un bon signe, à court terme, pour la fertilisation des cultures, mais un point de vigilance à long terme. Comme toujours, les mesures sont à confirmer.

Faible efficacité du premier fongicide sur orge
Sur l’essai bio-contrôle des maladies fongiques en orge, suivi par Stéphane Aubert-Campenet de la chambre d’agriculture, les mesures se poursuivent pour la seconde année consécutive. Pas de grande avancée sur un effet direct (on observe même un léger effet dépressif sur la modalité avec 4 passages de purin d’ortie), mais l’essai a en revanche permis de confirmer l’efficacité très réduite du premier traitement fongicide « classique » sur orge. Si l’effet visuel est notable (bonne protection de la F2, en plus de la F1), l’effet sur le rendement est nul. « La stratégie d’impasse sur le T1 se confirme donc, avec une possibilité de fractionner le second traitement. »
Enfin, le levier le plus connu mais aussi le plus efficace pour réduire ses dépenses en grandes cultures est probablement celui, présenté par
Emeric Courbet de la chambre d’agriculture, qui concerne la fertilisation azotée. « L’objectif est de trouver l’optimum économique », rappelle-t-il en présentant la courbe bien connue de réponse à l’azote : c’est la dose d’azote apportée la plus faible qui maximise la marge brute de la culture. En colza, les résultats fournis par les expérimentateurs sont parfois conformes à la courbe en cloche, comme à Dijon avec un optimum autour de 122 unités d’azote, mais parfois très éloignés, comme dans les essais de Nancy : aucune réponse en rendement de l’apport d’azote ! La bonne dose était à alors de… 0 unité ! Avoir des bases théoriques solides est un préalable nécessaire pour le métier d’agriculteur, mais pas forcément suffisant : se confronter à la réalité est aussi bien utile.

LD
*TCS : Techniques culturales simplifiées

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